Da Le Monde del 31/08/2006
Originale su http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3216,36-808159@51-799695,0.html

Les ONG, cibles de guerre au Sri Lanka

di Françoise Chipaux

COLOMBO - Près d'un mois a passé, mais "rien ne sera plus jamais comme avant, et pas seulement pour nous", avoue Eric Fort, chef de mission d'Action contre la faim (ACF) au Sri Lanka. Le massacre de 17 employés de son organisation, tués d'une balle dans la tête, le 4 août, dans leur bureau de Muttur, a fortement secoué la communauté humanitaire au Sri Lanka. Si les ONG avaient déjà, ces derniers mois, été victimes d'incidents, c'est la première fois que la cible était sans équivoque et le crime aussi total.

Pour les ONG qui, depuis plusieurs mois, travaillaient dans des conditions de plus en plus difficiles, la tuerie a sonné l'alarme. "L'incident d'ACF nous fait réfléchir encore plus à notre sécurité et nous revoyons les risques de façon permanente", affirme Richard Mawer, directeur de Save the Children au Sri Lanka. "Certaines ONG sont parties : beaucoup se sont repliées sur des lieux plus sûrs", dit Firzan Hashim, directeur adjoint de CHA (Consortium of Humanitarian Agencies), qui réunit 96 ONG internationales et locales.

La guerre entre l'armée sri-lankaise et les rebelles du LTTE (Tigres de libération de l'Eelam tamoul) a surpris beaucoup d'ONG venues pour le tsunami à un moment où le cessez-le-feu était réellement en vigueur. "La plupart de ces ONG n'avaient aucune idée de la situation de guerre latente et, quand la sécurité s'est détériorée, à partir de décembre (2005), elles n'avaient ni les moyens ni l'expérience pour y répondre", ajoute M. Hashim.

Le CHA distribue aujourd'hui à ses membres un livret détaillant le comportement à avoir en cas de tirs aux armes légères ou lourdes, comment se comporter aux barrages, quoi faire en cas de bombardement aérien, etc. "Nos expatriés sont venus ici faire du développement ; ce ne sont pas des urgentistes habitués aux situations de guerre", confie Patrick Charignon, coordinateur des programmes de Caritas au Sri Lanka, pour expliquer que certains aient préféré partir.

L'insécurité pèse très fort sur la capacité des ONG à travailler. "L'accessibilité (aux zones contestées entre l'armée et le LTTE) est notre principal problème", affirme M. Hashim. Celle-ci se réduit de jour en jour sous des prétextes divers, à la fois dans les zones sous contrôle de l'armée et dans celles aux mains du LTTE. "Personne n'est autorisé à passer d'une zone à l'autre", déplore Richard Mawer. Dans tout le nord-est du pays, les programmes de réhabilitation des populations affectées par le tsunami sont quasiment gelés et à Jaffna, par exemple, les ONG sont cantonnées dans leurs bureaux par le couvre-feu en vigueur depuis le 11 août.

A ces risques inhérents à l'accroissement de la violence, qui ont déjà coûté la vie à plusieurs travailleurs humanitaires locaux, s'ajoutent les obstacles bureaucratiques posés au fonctionnement des ONG, le dénigrement systématique de leur travail et les accusations périodiquement lancées dans la presse sur de supposés détournements de fonds. "Un fort sentiment anti-ONG, instillé par certains groupes extrémistes, s'est développé de façon insidieuse", constate Patrick Charignon. Les millions de dollars versés à l'occasion du tsunami et les résultats mitigés obtenus, pour lesquels le gouvernement a une large part de responsabilité, alimentent un ressentiment d'autant plus malsain que rien n'est jamais prouvé. "Nous aimerions entendre des accusations concrètes auxquelles nous pourrions répondre, affirme à ce sujet M. Mawer. La vaste majorité d'entre nous travaille durement pour que l'argent profite aux bénéficiaires."

Les organisations humanitaires les plus anciennement établies ont découvert le Sri Lanka avec la guerre ethnique qui oppose le LTTE à l'armée et se sont naturellement installées dans le nord et le nord-est, là où les réfugiés affluaient et où les besoins médicaux étaient les plus grands. Mais aujourd'hui, les ONG sont perçues par nombre de Cinghalais comme pro-tamoules et favorables au LTTE.

Alliés du gouvernement, les marxistes nationalistes du JVP (Front de libération du peuple) ont surnommé les ONG internationales les "Tigres blancs" et considèrent que leur action porte atteinte à la souveraineté nationale. "Pour ce gouvernement élu avec le soutien du JVP et des moines bouddhistes hyper-nationalistes, tout ce qui vient de l'étranger est à rejeter", confie un responsable d'ONG.

"Ce climat intimide nos collaborateurs locaux, qui reçoivent aussi des appels anonymes menaçants, dit-il. Nous ne sommes plus perçus comme des acteurs neutres et impartiaux."

Conséquence de cette évolution, les autorités multiplient depuis plusieurs mois les contraintes administratives pour l'enregistrement des ONG et pour le travail des expatriés. Ceux-ci doivent, par exemple, être munis, depuis le 31 août, d'un permis de travail délivré par le ministère de la défense.

Le gouvernement n'a cependant pas l'exclusivité des tracasseries bureaucratiques ni des restrictions à la circulation : les ONG rencontrent des problèmes similaires chez les Tigres. "Il y a quelques mois, le LTTE a fait pression sur certaines ONG pour que leur personnel suive les entraînements militaires obligatoires pour la population, souligne un responsable. On a dû leur expliquer que c'était contraire au principe de neutralité et on a gagné, mais après beaucoup de persuasion."

Impossible, d'autre part, dans les zones sous contrôle du LTTE, d'appliquer des programmes qui ne seraient pas acceptés par le commandement du mouvement. "Il est clair que l'armée, comme les Tigres, préférerait que l'on ne soit pas là", relève un représentant d'une ONG internationale.

A contrario, la population voit la présence des ONG comme une certaine garantie de sécurité. "Prise entre l'armée et le LTTE, la population de Jaffna se sent totalement vulnérable, affirme M. Hashim, et si les expatriés évacuent la péninsule, ce sera un coup très dur pour la population. Les ONG jouent d'une certaine façon un rôle d'observateurs qui restreint l'impunité totale des parties."

Au coeur du drame, ACF doit décider le 4 septembre, à l'issue d'une tournée du directeur de ses opérations, si elle reprend ses activités, suspendues après le drame, ou si elle quitte le Sri Lanka. Cette décision pourrait avoir des conséquences sur l'attitude d'autres ONG qui attendent les résultats de l'évaluation faite par ACF pour décider de ce qu'elles vont faire. "Entre la sécurité, les besoins humanitaires criants et la solidarité vis-à-vis des familles, le choix est difficile", confie Eric Fort.

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