Da Le Temps del 05/07/2006
Originale su http://www.letemps.ch/template/international.asp?page=4&article=184930
BALKANS
A Skopje, l'Europe bute sur l'écueil albanais
Les nationalistes espèrent prendre leur revanche sur les sociaux-démocrates au pouvoir depuis 2002 lors des législatives de ce mercredi.
di Jean-Arnault Dérens
Skopje - Les candidats de l'Alliance social-démocrate de Macédoine (SDSM) proclament un optimisme sans faille: leurs affiches de campagne appellent la Macédoine à «aller de l'avant, pas en arrière». Pourtant, en convoquant les élections législatives (à un seul tour) pour le 5 juillet, et un mercredi, jour inhabituel dans le pays, le gouvernement de Vlade Buckovski, selon beaucoup d'observateurs, mise sur une faible participation pour limiter l'échec que les sondages lui promettent. «Il y a six mois, alors que l'Europe venait de nous donner le statut de pays candidat, la cote du gouvernement était au plus haut. Il aurait pu alors convoquer des élections anticipées, mais depuis, la corruption et les affaires qui empoisonnent toujours la vie politique macédonienne ont repris le dessus», déplore la journaliste Ana Petruseva.
La Macédoine, qui a failli sombrer dans la guerre civile en 2001 quand l'Armée de libération nationale (UÇK) a pris le contrôle de certains villages albanais dans le nord du pays, représente une clé majeure de la stabilité régionale. L'aspiration des Albanais du Kosovo à l'indépendance menace d'ailleurs toujours d'entraîner l'ancienne république yougoslave dans une nouvelle bourrasque. «La Macédoine risque de devoir naviguer entre deux ouragans», explique le politologue Jovan Popovski: «Si les Albanais du Kosovo n'obtiennent pas l'indépendance à laquelle ils aspirent, de nouvelles violences pourraient éclater dans notre pays, et si le Kosovo devient indépendant, il risque d'exercer une force d'attraction irrésistible sur les Albanais de Macédoine.»
Afin de neutraliser de possibles contestations, les sociaux-démocrates gouvernent depuis 2002 en coalition avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI), le parti formé par la majorité des anciens rebelles albanais. Mais cette alliance est contestée, alors que les dispositions favorables aux Albanais, prévues par les Accords d'Ohrid (13 août 2001), tardent toujours à se concrétiser sur le terrain.
A quelques kilomètres du centre de Skopje, le village de Kondovo est le fief d'Agim Krasniqi, un ancien commandant de l'UÇK. Durant l'hiver 2004-2005, Kondovo a été occupé par quelques dizaines d'hommes fortement armés, qui réclamaient l'application de la loi d'amnistie, prévue par les accords de paix d'Ohrid.
«Cent quatre-vingts anciens combattants sont encore en prison», tonne Agim Krasniqi, installé dans son quartier général, un petit café à l'entrée du village. Il est entouré d'une brochette de dirigeants du Parti démocratique des Albanais (PDSH), le rival du BDI. Agim Krasniqi est candidat aux législatives sur la liste de ce parti dans la circonscription de Skopje.
Depuis le début de la campagne électorale, l'opposition entre les deux partis albanais a pris un tour très violent. Le 24 juin, une bataille rangée a éclaté dans le village de Rasce, perdu dans la montagne, quelques kilomètres au-dessus de Kondovo. «Deux voitures remplies de militants du BDI armés jusqu'aux dents ont attaqué la caravane électorale de notre parti. Leur but était de tuer nos deux principaux dirigeants, Arbën Xhaferi et Menduh Thaçi», affirme Agim Krasniqi. «Nous avons pu les neutraliser, nous avons saisi des grenades et des armes automatiques. Une des deux voitures appartenait au Ministère des collectivités locales. Un des agresseurs était membre des unités spéciales de la police.» Après un échange de coups de feu, on a relevé trois blessés. La veille, un dirigeant du BDI avait été grièvement atteint par une balle tirée par un inconnu, alors qu'il sortait de son domicile de Tetovo. Dans cette ville, la crainte d'incidents durant le scrutin demeure vive.
Le BDI et le PDSH se renvoient la responsabilité de la spirale de violence. «Le BDI sait que la population est insatisfaite. Pour essayer de masquer son bilan, ce parti cherche à créer un climat de peur», affirme Agim Krasniqi, toujours sous le coup de plusieurs accusations pénales. Enjeux politiques et mafieux s'entremêlent dans un jeu dangereux, alors que la stabilité de la Macédoine dépend toujours de l'intégration de la communauté albanaise.
La Macédoine, qui a failli sombrer dans la guerre civile en 2001 quand l'Armée de libération nationale (UÇK) a pris le contrôle de certains villages albanais dans le nord du pays, représente une clé majeure de la stabilité régionale. L'aspiration des Albanais du Kosovo à l'indépendance menace d'ailleurs toujours d'entraîner l'ancienne république yougoslave dans une nouvelle bourrasque. «La Macédoine risque de devoir naviguer entre deux ouragans», explique le politologue Jovan Popovski: «Si les Albanais du Kosovo n'obtiennent pas l'indépendance à laquelle ils aspirent, de nouvelles violences pourraient éclater dans notre pays, et si le Kosovo devient indépendant, il risque d'exercer une force d'attraction irrésistible sur les Albanais de Macédoine.»
Afin de neutraliser de possibles contestations, les sociaux-démocrates gouvernent depuis 2002 en coalition avec l'Union démocratique pour l'intégration (BDI), le parti formé par la majorité des anciens rebelles albanais. Mais cette alliance est contestée, alors que les dispositions favorables aux Albanais, prévues par les Accords d'Ohrid (13 août 2001), tardent toujours à se concrétiser sur le terrain.
A quelques kilomètres du centre de Skopje, le village de Kondovo est le fief d'Agim Krasniqi, un ancien commandant de l'UÇK. Durant l'hiver 2004-2005, Kondovo a été occupé par quelques dizaines d'hommes fortement armés, qui réclamaient l'application de la loi d'amnistie, prévue par les accords de paix d'Ohrid.
«Cent quatre-vingts anciens combattants sont encore en prison», tonne Agim Krasniqi, installé dans son quartier général, un petit café à l'entrée du village. Il est entouré d'une brochette de dirigeants du Parti démocratique des Albanais (PDSH), le rival du BDI. Agim Krasniqi est candidat aux législatives sur la liste de ce parti dans la circonscription de Skopje.
Depuis le début de la campagne électorale, l'opposition entre les deux partis albanais a pris un tour très violent. Le 24 juin, une bataille rangée a éclaté dans le village de Rasce, perdu dans la montagne, quelques kilomètres au-dessus de Kondovo. «Deux voitures remplies de militants du BDI armés jusqu'aux dents ont attaqué la caravane électorale de notre parti. Leur but était de tuer nos deux principaux dirigeants, Arbën Xhaferi et Menduh Thaçi», affirme Agim Krasniqi. «Nous avons pu les neutraliser, nous avons saisi des grenades et des armes automatiques. Une des deux voitures appartenait au Ministère des collectivités locales. Un des agresseurs était membre des unités spéciales de la police.» Après un échange de coups de feu, on a relevé trois blessés. La veille, un dirigeant du BDI avait été grièvement atteint par une balle tirée par un inconnu, alors qu'il sortait de son domicile de Tetovo. Dans cette ville, la crainte d'incidents durant le scrutin demeure vive.
Le BDI et le PDSH se renvoient la responsabilité de la spirale de violence. «Le BDI sait que la population est insatisfaite. Pour essayer de masquer son bilan, ce parti cherche à créer un climat de peur», affirme Agim Krasniqi, toujours sous le coup de plusieurs accusations pénales. Enjeux politiques et mafieux s'entremêlent dans un jeu dangereux, alors que la stabilité de la Macédoine dépend toujours de l'intégration de la communauté albanaise.
Sullo stesso argomento
Articoli in archivio
El primer ministro reconoce la derrota
La oposición conservadora gana las elecciones parlamentarias en Macedonia
La oposición conservadora gana las elecciones parlamentarias en Macedonia
su El Mundo del 06/07/2006
di Risto Karajkov su Osservatorio sui Balcani del 08/05/2006
su Punto Informatico del 07/12/2005
News in archivio
su Ansa del 29/08/2006