Da Le Monde del 05/10/2005
Originale su http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-695787@51-656131,0.html
Les Serbes de Bosnie livrent les noms des "participants" au massacre de Srebrenica
Le gouvernement serbe bosniaque a annoncé, mardi 4 octobre, avoir dressé une liste de 19 473 militaires et policiers serbes bosniaques ayant opéré dans la région de Srebrenica, en Bosnie orientale, lors du massacre de quelque 8 000 Musulmans en 1995. "Une commission gouvernementale a dressé une liste de 19 473 participants dans les événements de Srebrenica, dont des membres du ministère de la défense, de l'armée et du ministère de l'intérieur de Republika Srpska" (RS), a déclaré à la presse Samjil Cekic, un membre de cette commission officielle créée pour éclaircir les circonstances dans lesquelles s'est produit le massacre.
"Parmi eux se trouvent ceux qui avaient donné des ordres [de tuer] ainsi que ceux qui les avaient exécutés, mais la commission n'a pas eu pour mission de compter le nombre d'exécutants", a précisé M. Cekic. "Cette liste sera remise à la Cour d'Etat bosniaque pour les crimes de guerre", a-t-il ajouté.
La liste comprend aussi les noms de 15 membres d'un groupe paramilitaire appelé les Scorpions. Une vidéo diffusée en juin dernier en Serbie avait montré des membres des Scorpions assassinant des civils de Srebrenica. Le Tribunal pénal international (TPI) a déjà officiellement défini comme une génocide la tragédie de Srebrenica. Le 31 mars, la RS – entité qui forme la Bosnie avec la Fédération croato-musulmane – , avait présenté une liste de 892 personnes liées au génocide de Srebrenica qui était encore à l'époque employées dans l'administration, au niveau des municipalités ainsi que dans les structures de la RS et de l'Etat bosniaque.
MLADIC ET KARADZIC TOUJOURS EN FUITE
Le Haut représentant de la communauté internationale, Paddy Ashdown, avait alors jugé ce rapport insatisfaisant et avait réclamé davantage de détails de la part de la commission. Mardi, le bureau de M. Ashdown a réagi en estimant dans un communiqué que la RS avait "enfin pris au sérieux son obligation visant à rendre disponibles les informations dont elle dispose sur les crimes commis à Srebrenica du 11 au 19 juillet 1995". Les noms de ces personnes ne vont pas être rendus publics afin d'assurer le bon déroulement des enquêtes, des poursuites et des éventuelles condamnations. "Le rapport et les documents seront désormais remis au TPI et au parquet bosniaque qui (...) vont décider des procédures à suivre", précise le communiqué.
M. Ashdown recommande à ces institutions de "concentrer leurs investigations d'abord sur les personnes qui occupent encore aujourd'hui des fonctions [administratives] en Republika Srpska et au sein des institutions centrales de Bosnie". Dans un rapport publié en 2004, le gouvernement de la RS avait admis que près de 8 000 Musulmans avaient été tués par les forces serbes bosniaques à Srebrenica.
Les autorités serbes bosniaques avaient jusqu'alors minimisé le nombre des victimes, suscitant l'indignation parmi les proches des victimes et la communauté internationale. Bien que décrétée zone de sécurité par l'ONU, l'enclave de Srebrenica musulmane est tombée le 11 juillet 1995 aux mains des forces serbes de Bosnie. Les Casques bleus néerlandais qui étaient chargés de la protéger ont été incapables d'empêcher les massacres.
Objet de fortes pressions internationales pour renforcer sa coopération avec le TPI, la RS, épaulée par la Serbie, a obtenu depuis le début de l'année la reddition volontaire d'une dizaine d'inculpés du TPI. Toutefois, les architectes de la tuerie de Srebrenica, les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et le général Ratko Mladic, sont toujours en fuite depuis leur inculpation de génocide, en 1995.
"Parmi eux se trouvent ceux qui avaient donné des ordres [de tuer] ainsi que ceux qui les avaient exécutés, mais la commission n'a pas eu pour mission de compter le nombre d'exécutants", a précisé M. Cekic. "Cette liste sera remise à la Cour d'Etat bosniaque pour les crimes de guerre", a-t-il ajouté.
La liste comprend aussi les noms de 15 membres d'un groupe paramilitaire appelé les Scorpions. Une vidéo diffusée en juin dernier en Serbie avait montré des membres des Scorpions assassinant des civils de Srebrenica. Le Tribunal pénal international (TPI) a déjà officiellement défini comme une génocide la tragédie de Srebrenica. Le 31 mars, la RS – entité qui forme la Bosnie avec la Fédération croato-musulmane – , avait présenté une liste de 892 personnes liées au génocide de Srebrenica qui était encore à l'époque employées dans l'administration, au niveau des municipalités ainsi que dans les structures de la RS et de l'Etat bosniaque.
MLADIC ET KARADZIC TOUJOURS EN FUITE
Le Haut représentant de la communauté internationale, Paddy Ashdown, avait alors jugé ce rapport insatisfaisant et avait réclamé davantage de détails de la part de la commission. Mardi, le bureau de M. Ashdown a réagi en estimant dans un communiqué que la RS avait "enfin pris au sérieux son obligation visant à rendre disponibles les informations dont elle dispose sur les crimes commis à Srebrenica du 11 au 19 juillet 1995". Les noms de ces personnes ne vont pas être rendus publics afin d'assurer le bon déroulement des enquêtes, des poursuites et des éventuelles condamnations. "Le rapport et les documents seront désormais remis au TPI et au parquet bosniaque qui (...) vont décider des procédures à suivre", précise le communiqué.
M. Ashdown recommande à ces institutions de "concentrer leurs investigations d'abord sur les personnes qui occupent encore aujourd'hui des fonctions [administratives] en Republika Srpska et au sein des institutions centrales de Bosnie". Dans un rapport publié en 2004, le gouvernement de la RS avait admis que près de 8 000 Musulmans avaient été tués par les forces serbes bosniaques à Srebrenica.
Les autorités serbes bosniaques avaient jusqu'alors minimisé le nombre des victimes, suscitant l'indignation parmi les proches des victimes et la communauté internationale. Bien que décrétée zone de sécurité par l'ONU, l'enclave de Srebrenica musulmane est tombée le 11 juillet 1995 aux mains des forces serbes de Bosnie. Les Casques bleus néerlandais qui étaient chargés de la protéger ont été incapables d'empêcher les massacres.
Objet de fortes pressions internationales pour renforcer sa coopération avec le TPI, la RS, épaulée par la Serbie, a obtenu depuis le début de l'année la reddition volontaire d'une dizaine d'inculpés du TPI. Toutefois, les architectes de la tuerie de Srebrenica, les ex-chefs politique et militaire des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et le général Ratko Mladic, sont toujours en fuite depuis leur inculpation de génocide, en 1995.