JÉRUSALEM - Après de longues consultations, Ehoud Olmert, le premier ministre israélien, a opté, lundi 28 août, pour une commission d'enquête publique de préférence à une commission d'Etat pour déterminer quels furent les manquements et les ratés de la guerre de 34 jours contre le Hezbollah au Liban.

Dans un discours prononcé à Haïfa devant les maires des villes touchées par les roquettes Katouchia, le chef du gouvernement a concédé que, dans ce conflit, tout n'était pas allé pour le mieux. "Nous n'étions pas préparés comme nous aurions dû l'être, a-t-il reconnu. Nous n'avons pas toujours obtenu les résultats escomptés. Il y a eu des manquements, voire des échecs. Même si le bilan général est positif, nous ne devons pas masquer ces défaillances."

Pour justifier son choix d'une enquête publique qui sera dirigée par un ancien chef du Mossad, Nahoum Admoni, assisté d'un général de réserve et de deux professeurs d'université, M. Olmert a expliqué qu'une commission d'Etat paralyserait "pendant longtemps la direction politique et militaire du pays" et qu'il n'y avait pas de temps à perdre car "la guerre n'est pas totalement finie et les menaces peuvent reprendre".

Une commission d'Etat est totalement indépendante, car ses membres sont nommés par le président de la Cour suprême, et peut procéder à toutes les investigations qu'elle juge nécessaires. Ce qui prend plus de temps mais offre davantage de crédibilité qu'une enquête gouvernementale.

Or, pour M. Olmert, il faut tirer au plus vite les enseignements de ce conflit considéré, par l'opinion publique, comme une semi-défaite puisque les capacités du Hezbollah n'ont pas été totalement réduites et que la menace est considérée comme toujours réelle. D'autant que la milice chiite a le soutien de l'Iran


"LA MENACE DE L'IRAN"

"Nous devons nous préparer à la menace que représente l'Iran et son président qui est un ennemi haineux d'Israël", a dit M. Olmert, refusant que Tsahal procède à "une autoflagellation collective". Il a endossé la responsabilité de la décision de partir en guerre, expliquant que cette décision était "entièrement la sienne".

La nomination de cette commission, qui aura pour mission d'examiner l'attitude du gouvernement pendant la guerre et "tout ce qui lui semblera utile", sera doublée par l'enquête d'un contrôleur d'Etat sur le fonctionnement de la défense civile.

Ces investigations devront répondre à la vague de mécontentement qui secoue le pays après l'arrêt des hostilités et qui s'est concrétisée par les manifestations de réservistes contre l'action du gouvernement et les insuffisances apparues au cours de la guerre.

Même si le mouvement des réservistes ne prend pas d'ampleur, la grogne est réelle. Dans un sondage publié, vendredi 25 août, par le quotidien Yediot Aharonoth, les performances d'Ehoud Olmert, d'Amir Péretz, ministre de la défense, et de Dan Halutz, chef d'état-major, étaient jugées mauvaises par respectivement 74 %, 79 % et 63 % des sondés. La très grande majorité estimait que les trois devaient démissionner. En cas d'élections, Benyamin Nétanyahou, leader du Likoud, l'emporterait haut la main devant M. Olmert.