Da Le Temps del 02/05/2006
Originale su http://www.letemps.ch/template/editoriaux.asp?page=1&article=180174
Berlusconi c'est fini, vraiment?
di Serge Enderlin
En théorie, la transition politique est enfin en marche. Trois semaines après les élections, ou plutôt après le match nul, du 10 avril, Silvio Berlusconi a enfin admis sa défaite. Mardi à la mi-journée, il viendra frapper à la porte du Quirinal pour remettre sa démission au président Ciampi, ouvrant ainsi la voie à la nomination, peut-être d'ici à la fin de la semaine, du gouvernement de centre gauche de Romano Prodi. Epilogue? Pas si vite.
D'abord, une nouvelle bagarre, potentiellement aussi vénéneuse que la précédente, s'annonce pour les tout prochains jours, avec l'élection par les deux Chambres du nouveau chef de l'Etat. Elle pourrait être saignante: Berlusconi agite le spectre d'une «dictature» de la gauche, au cas où celle-ci réaliserait le grand chelem (présidence plus les deux Chambres). En attendant, le Cavaliere livre, jusqu'à la nausée, un combat de pourrissement du climat politique: perdre, à la limite, mais à condition que personne ne gagne honorablement.
Autre constat: le chaos électoral italien n'est même pas perçu comme une profonde crise de système par les Italiens, qui en ont vu d'autres. Ils évitent de la sorte le douloureux débat décliniste de l'introspection institutionnelle, ces crises de régime récurrentes chez leurs voisins français. En Italie, quand l'Etat ne fonctionne plus, le pays ne donne pas automatiquement l'impression de s'arrêter en rase campagne.
Ainsi, pendant cette longue joute électorale au ras du caniveau, en grande partie «grâce» à Berlusconi, beaucoup plus percutant quand il est carrément vulgaire, les Italiens n'ont pas eu l'occasion, même pas l'envie, de s'interroger sur le destin de leur pays, sur son projet, sa place en Europe, ou encore son attitude face à ce vent constant de la mondialisation qui déstabilise tant les nations du Vieux Continent.
A l'heure de remettre malgré lui les clés du Palazzo Chigi à son successeur, Silvio Berlusconi laisse au fond l'Italie dans l'état dans lequel il l'a trouvée: désenchantée mais créative; peu intéressée par une chose publique vécue bien davantage comme un mal nécessaire que comme une solution; consciente que sa force, aujourd'hui comme hier, repose toujours sur l'initiative individuelle et l'art de l'improvisation. C'est le triomphe de la vieille notion d'une société bâtie sur la gloire du capitalisme familial, balise des jours heureux comme des dépressions collectives. Berlusconisation des esprits, défaite de la pensée? Retour, plutôt, au statu quo ante, à l'Italie éternelle des gouvernements définitivement temporaires.
D'abord, une nouvelle bagarre, potentiellement aussi vénéneuse que la précédente, s'annonce pour les tout prochains jours, avec l'élection par les deux Chambres du nouveau chef de l'Etat. Elle pourrait être saignante: Berlusconi agite le spectre d'une «dictature» de la gauche, au cas où celle-ci réaliserait le grand chelem (présidence plus les deux Chambres). En attendant, le Cavaliere livre, jusqu'à la nausée, un combat de pourrissement du climat politique: perdre, à la limite, mais à condition que personne ne gagne honorablement.
Autre constat: le chaos électoral italien n'est même pas perçu comme une profonde crise de système par les Italiens, qui en ont vu d'autres. Ils évitent de la sorte le douloureux débat décliniste de l'introspection institutionnelle, ces crises de régime récurrentes chez leurs voisins français. En Italie, quand l'Etat ne fonctionne plus, le pays ne donne pas automatiquement l'impression de s'arrêter en rase campagne.
Ainsi, pendant cette longue joute électorale au ras du caniveau, en grande partie «grâce» à Berlusconi, beaucoup plus percutant quand il est carrément vulgaire, les Italiens n'ont pas eu l'occasion, même pas l'envie, de s'interroger sur le destin de leur pays, sur son projet, sa place en Europe, ou encore son attitude face à ce vent constant de la mondialisation qui déstabilise tant les nations du Vieux Continent.
A l'heure de remettre malgré lui les clés du Palazzo Chigi à son successeur, Silvio Berlusconi laisse au fond l'Italie dans l'état dans lequel il l'a trouvée: désenchantée mais créative; peu intéressée par une chose publique vécue bien davantage comme un mal nécessaire que comme une solution; consciente que sa force, aujourd'hui comme hier, repose toujours sur l'initiative individuelle et l'art de l'improvisation. C'est le triomphe de la vieille notion d'une société bâtie sur la gloire du capitalisme familial, balise des jours heureux comme des dépressions collectives. Berlusconisation des esprits, défaite de la pensée? Retour, plutôt, au statu quo ante, à l'Italie éternelle des gouvernements définitivement temporaires.
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